Perspectives professionnelles

Quels débouchés professionnels ouvrent-elles des études en sciences des religions ?

Des études en sciences des religions vous qualifient pour des postes au sein d’ONGs, de fondations ou d’institutions culturelles, ainsi que dans les champs des médias, de l’édition, de l’administration publique, du diversity management ou dans le cadre de services d’intégration sociale et culturelle, pour ne citer que quelques options. En outre, elles vous permettent de poursuivre votre parcours dans la formation d’adultes, dans l’enseignement des cultures religieuses ou dans le monde académique.

Portraits d’alumni et alumnae : nos ancienn-e-s étudiant-e-s travaillent ici

Apprentissage par l’art dans un musée : Karolina Lisowski

Karolina Lisowski a étudié les sciences des religions et l'histoire de l'art. Elle travaille aujourd'hui comme assistante de projet en apprentissage par l'art au Musée Rietberg à Zurich, l'un des plus grands musées d'art de Suisse.

"Mes intérêts scientifiques et mon activité professionnelle sont parfaitement complémentaires"

Pourquoi les sciences des religions ?

J’ai découvert les sciences des religions au gymnase, où j’ai pu les choisir comme branche complémentaire. J’avais deux enseignant-e-s qui parlaient de religion et religions de manière ouverte et critique. Mais les aspects romantiques et mystiques m’ont également captivée. À cette époque, je reliais ces aspects surtout au bouddhisme et aux traditions indiennes – aujourd’hui j’aurais un autre point de vue. C’est aussi la raison principale pour laquelle j’ai choisi d’étudier à Berne, car l’institut de science des religions de cette Université porte une attention particulière au bouddhisme. En outre, j’étais fascinée par la possibilité d’étudier une langue étrangère « très différente », telle que le tibétain.

Quels sont tes intérêts principaux ?

Pendant mes études en sciences des religions, j’ai eu l’occasion de me pencher de manière approfondie sur différentes thématiques et d’apprendre à analyser et comprendre des relations complexes. En outre, le suivi presque individuel à l’institut constitue une importante valeur ajoutée. Du point de vue des contenus, j’ai beaucoup profité de la rencontre avec l’approche dite de l’esthétique des religions. Cette perspective de recherche s’intéresse à la dimension matérielle et sensorielle de la religion, par exemple en lien avec des images, des sculptures ou des bâtiments.

Quelle est ton occupation ?

Mes intérêts scientifiques et mon activité professionnelle sont parfaitement compémentaires. J’étais d’abord assistante à l’Université de berne et depuis une année je travaille au Musée Rietberg de Zurich, qui est consacré aux arts des cultures traditionnelles, mais aussi modernes, d’Asie, d’Afrique, d’Amérique et d’Océanie. Dans ce cadre, je suis collaboratrice dans le projet « Voir l’art, comprendre la religion » dans le département pour l’éducation aux arts. Je planifie des ateliers et d’autres activités qui ont pour but de rendre les exhibitions plus accessibles au public, par exemple à des classes d’école. Actuellement, avec mes collègues je travaille à une introduction en ligne au bouddhisme par le biais des objets du musée (klicknirvana.rietberg.ch). Mes compétences en sciences des religions jouent évidemment un rôle important, car les textes qui seront mis en ligne avec le sceau « Musée Rietberg » doivent être clairs et accessibles, mais également scientifiquement impeccables.

Qu'ont apporté tes études à ta profession ?

Je me réjouis beaucoup d’avoir trouvé ce poste, et cela quelques mois après avoir terminé mon parcours d’assistante à l’Université de Berne. Cependant, cela n’était pas mon premier emploi dans un musée. En parallèle à mon travail d’assistante, j’ai travaillé pendant des années au Tibet Museum Fondation Alain Bordier à Gruyères, et j’ai étudié de quelle manière les visiteurs et visiteuses perçoivent les objets et les salles du musée. En lien avec ma thèse de doctorat, à laquelle je travaille à côté de mes activités professionnelles, je me pose maintenant les mêmes questions au sujet des personnes qui visitent le Musée Rietberg. Mes collègues manifestent de l’intérêt pour mes recherches, parce qu’elles peuvent ouvrir des perspectives novatrices pour la planification d’expositions.

Karolina Lisowski, en conversation avec Andrea Rota (janvier 2020)

Politique: Irène Kälin

Irène Kälin a étudié les sciences des religions et de l’islam. Aujourd'hui, elle est membre du Conseil national et s’engage dans la politique religieuse de la Suisse.

"En étudiant les sciences des religions, j'ai appris à composer ouvertement avec d'autres opinions, ce qui est très important dans notre paysage politique diversifié."

Pourquoi les sciences des religions ?

« J'ai toujours été fascinée par le religieux, notamment les mythes et les rituels, mais aussi les parallèles qui existent entre les différentes traditions. Dès le gymnase, j'ai pu choisir l’option complémentaire “Religion et éthique”. Cela m'a ouvert une perspective scientifique et comparative sur la religion. Cependant, le facteur décisif a été ma fascination pour l'importance de la religion dans la vie de certains gens, alors qu’elle ne joue aucun rôle pour d’autres. Au cours de mes études, j'ai pu constater qu'une perspective scientifique vous donne un aperçu de mondes auxquels vous n'appartenez pas et qui, autrement, seraient fermés à vous. »

Quels sont vos domaines d’intérêt ?

« Pendant le bachelor, je me suis spécialisée en histoire de l’islam avec les sciences des religions en tant que branche secondaire. En master, j'ai choisi le programme d'études comparatives et interdisciplinaires “Religion in the Global Present” et me suis concentrée sur les formes contemporaines de l'islam.

Cela était important pour moi en raison de l'importance des questions relatives à la coexistence des différentes religions aujourd'hui et à la lumière des politiques d'exclusion de nombreux pays européens, dont la Suisse, à l'égard des personnes qui se sentent appartenir à l'islam. L'étude des sciences des religions m'a également permis de mieux comprendre la dimension communautaire de la religion. »

Que faites-vous dans la vie ?

« Mon travail principal est celui de Conseillère nationale – en sachant qu'il s'agit d'un mandat et non d'un métier. Je m'intéressais déjà à notre coexistence en Suisse lorsque j'étais étudiante, et c'est pourquoi j'ai toujours été politiquement active. En plus de mes études, j'ai été membre du Grand conseil argovien pendant sept ans. Sur le plan professionnel, je voulais trouver un emploi dans l'intégration ou la médiation culturelle. En 2017, vers la fin de mon master, j'ai ensuite glissé au Conseil national et, désormais, la politique détermine mon quotidien. »

Qu'avez-vous retiré de vos études ?

« Il n'est pas nécessaire d'avoir des qualifications académiques pour occuper cette fonction. Cependant, ma compréhension de différentes religions et les connaissances que j'ai acquises au cours de mes études éclairent mon travail politique. Sur le plan politique, j'ai toujours été une ardente défenseuse des minorités et, au cours de mes années d'études, je me suis surtout intéressée aux traditions minoritaires dans notre pays. C'est le fil rouge de ma vie et une particularité de la Suisse : nous sommes un pays de minorités et je m'efforce de faire en sorte que les nouvelles minorités religieuses et culturelles soient dotées des mêmes droits et des mêmes obligations que les communautés religieuses traditionnelles de notre pays. Je pense que nous disposons d'un bon modèle de coexistence religieuse en Suisse, mais nous devons apporter des améliorations pour que ce modèle continue d'être adapté à une Suisse multireligieuse.

En étudiant les sciences des religions, j'ai pu connaître beaucoup de choses qui m'étaient étrangères au départ. J'ai également appris à composer ouvertement avec d'autres opinions, ce qui est parfois très important dans notre paysage politique diversifié. En ce sens, je considère que mes études furent aussi une très bonne école de vie pour ma politique. »

Irène Kälin en conversation avec Andrea Rota (Janvier 2020)

Centre d’information religieuse : Michelle Isler

Michelle Isler a étudié les sciences des religions et l’espagnol, après quoi elle a effectué un stage dans le domaine de la communication universitaire. Aujourd’hui, elle travaille comme assistante de recherche sur un projet à Inforel, le centre d’information virtuel sur les religions et les visions du monde de la région de Bâle.

"Finalement, le choix spontané s’est avéré être le bon !"

Pourquoi les sciences des religions ?

« C’était une pure coïncidence ; lors de la journée portes ouvertes pour les Gymnasiens, je cherchais une deuxième matière en plus de l’espagnol. Je me suis assise à une séance d’information sur les sciences des religions et, sur un coup de tête, je me suis décidée d’essayer. Au gymnase, la branche ‘Religion et philosophie’ abordait la religion mais de manière plutôt superficielle et les sciences des religions ont éveillé ma curiosité. Finalement, le choix spontané s'est avéré être le bon ! »

Votre objectif ?

« J'étais particulièrement intéressée par les points de contact entre mes sujets, notamment ce que partagent les études littéraires et les sciences des religions : Récits et narrations, mythes, histoires et motifs religieux dans la littérature moderne. J’ai ensuite rédigé mon mémoire de maîtrise sur un tel sujet, plus précisément sur le fantastique chez Jorge Luis Borges. À Bâle, l’aspect théorique était toujours très présent, et les questions qui traitaient de la religion à un niveau méta me préoccupaient particulièrement, tout comme la réflexion critique sur les sciences des religions et la science en général. Mes études de sciences des religions m’ont apporté beaucoup de connaissances liées au contenu sur toutes sortes de religions. En général, j’ai retiré de mes études une vision nouvelle et interconnectée de la culture et de la société. En outre, j’ai pris conscience de la façon dont la religion joue un rôle dans l’histoire contemporaine et, grâce à l’étude intensive de ce sujet, j’ai acquis une meilleure compréhension de la complexité et du ou des rôles de la religion dans la culture et la société. »

Que faites-vous dans votre travail ?

« Mes tâches actuelles chez Inforel consistent principalement à éditer et à mettre à jour des textes d’information. Nous travaillons actuellement à un renouvellement de la plateforme d’information et, par conséquent, nous éditons nos contenus sur les communautés et les sujets religieux. Cela implique souvent des recherches. Je travaille également sur le bulletin d’information. Bien sûr, j’ai eu beaucoup de chance de trouver un emploi juste après mes études et mon stage où justement mes compétences en sciences des religions sont demandées. »

Qu’ont apporté vos études à votre profession ?

« Inforel a naturellement préféré une personne ayant un diplôme en sciences des religions pour ce poste. J’ai également bénéficié de l’expérience rédactionnelle acquise lors de mon stage. Ces deux éléments ont donc joué un rôle important. Mais le travail chez Inforel a une orientation beaucoup plus pratique que mes études : alors que ces dernières ont affiné ma vision plus abstraite de la religion, ici ce qui prime ce sont la religion en pratique et la vie quotidienne des communautés religieuses. Cet aperçu des communautés de la région est passionnant et complète l’expérience et les connaissances que j’ai acquises au cours de mes études. »

Michelle Isler interviewée par Lavinia Pflugfelder (février 2021)

Chargé de cours à la Haute école pédagogique : Yves Karrer

Yves Karrer est au bénéfice d’une formation d’instituteur lorsqu’il décide d’étudier les sciences des religions et l’histoire. Il obtient son master en 2014 et après une période en tant qu’assistant de recherche à la Haute école pédagogique de Zurich, il est nommé chargé de cours à la Haute école pédagogique de Lucerne au département Éthique et religions.

"Au début, beaucoup de personnes de mon entourage ne réalisaient même pas qu’il existait une autre vision de la religion que la vision théologique."

Pourquoi les sciences des religions ?

« J'ai d’abord commencé à me spécialiser en histoire et j’ai progressivement pris conscience du fait que le facteur religion m’intéressait dans de nombreux sujets. De plus, à l’époque, je m’occupais déjà professionnellement de la religion et de l’école. C’est à ce moment que j’ai fait de l’étude des religions ma matière principale. »

Quels sont vos domaines d’intérêt ?

« Durant mes études, j’ai pu participer à divers projets au sein du département de sciences des religions. C’était génial et cela m’a donné un bon aperçu du monde des religions. Ces expériences sur le ‘terrain’ sont importantes pour prendre pied dans le monde du travail. En général, les voyages et les recherches sur le terrain m’ont permis de nouer de nombreux contacts que je peux utiliser aujourd’hui dans le cadre de la formation des enseignants. Personnellement, il m’est toujours apparu clairement que la religion peut se décliner de multiples façons en Suisse et que cette diversité nécessite un regard attentif si on veut lui rendre justice. »

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail ?

« La conception de nouveaux modules, [...] est un grand plaisir. Et, bien sûr, l’enseignement lui-même, par exemple, la semaine approfondie sur la religion et les médias, qui nous permet de travailler avec les étudiants en profondeur sur un sujet. »

Qu’est-ce que vos études ont apporté à votre carrière ?

« J'ai la chance qu'en tant que chargé de cours dans le domaine de l’éthique et des religions à la Haute école pédagogique [...], d’être également mis au défi quotidiennement en termes de connaissances disciplinaires. Ma formation en sciences des religions m’est très utile notamment lorsqu’il s’agit de donner des enseignements sur les différentes religions ainsi que sur les questions relatives à la religion et à la société. En outre, en tant qu’étudiant à temps partiel, j’ai appris à gérer le stress et à bien m’organiser. Il est également important d’être capable d’effectuer de bonnes recherches et d’obtenir rapidement des informations fiables et de bonne qualité. Je transmets également ces connaissances à mes étudiants. »

Compilé à partir de KSF-Alumni im Portrait : Yves Karrer et « Alumni im Gespräch, ‘Stereotypen  Sachlichkeit entgegensetzen» in : Unilu Aktuell No. 49, 2014.

Enseignante de "culture religieuse et éthique" au gymnase : Patricia Kurt

Patricia Kurt a étudié les sciences des religions, la sociologie et les études de genre à l'Université de Zurich. Après son diplôme, elle a obtenu un diplôme d'enseignement pour les écoles de maturité, à côté duquel elle a commencé à enseigner. Elle travaille aujourd'hui comme enseignante de culture religieuse et d'éthique dans un gymnase à Lucerne.

"Les compétences fondamentales de la pensée critique et de la réflexion sur le propre point de vue de la personne sont acquises au cours des études en sciences des religions et sont les compétences clés que je veux également transmettre à mes élèves".

Pourquoi les sciences des religions?

Déjà pendant ma scolarité, mais surtout pendant l'année intermédiaire après le baccalauréat, j'ai été en contact avec des personnes d'orientations religieuses différentes. J'étais fasciné par la manière dont la religion agit à ce niveau individuel et peut influencer la vision du monde, la morale, le monde émotionnel et la vie quotidienne d'une personne. Parallèlement, je m'intéressais à la manière dont la religion se manifeste au niveau social et politique dans l'histoire et le présent, comment elle peut créer un sentiment d'appartenance et de paix tout en justifiant les revendications de domination, la discrimination et la violence. Cela m'a motivé à consacrer mes études à ce phénomène complexe et ambivalent qu'est la "religion", et je ne l'ai pas regretté.

Quels sont vos intérêts principaux?

Influencé par ma discipline secondaire, la sociologie, je me suis concentré sur les phénomènes religieux contemporains. Je me suis par exemple penchée sur la question de savoir comment les changements sociaux - par exemple le progrès scientifique ou la mondialisation - se répercutent sur la religiosité des gens. Dans ce contexte, je me suis intéressée sur les offres religieuses et les spécialistes religieux dans le domaine de la "spiritualité". J'ai rédigé mon travail de recherche pour le diplôme Bachelor sur une manifestation au cours de laquelle un "médium" promettait de transmettre au public présent des messages de personnes décédées. Mon travail de Master porte sur les "Kraftorte" et leur popularité dans le domaine du tourisme.

Parallèlement, des séjours d'étude à l’étranger en Inde, en Iran et aux États-Unis ont été l'occasion de me concentrer sur les pays concernés, sur le contexte historique de la religion et sur les évolutions politiques et religieuses actuelles, qui y sont souvent fortement liées. Ces séjours d'études ont été l'occasion d'aborder certains thèmes de manière particulièrement continue et font partie des moments forts de mes études.

Quelle est votre occupation professionnelle?

Je travaille comme enseignante spécialisée en "culture religieuse et éthique" à l'école cantonale Alpenquai de Lucerne. A l'Alpenquai, cette matière est enseignée à la fois comme matière de base pertinente pour la promotion des étudiants au gymnase inférieur et supérieur (en 1ère, 2ème et 4ème année) et comme matière complémentaire en 5ème et 6ème année. L'importance de la matière, sa désignation et son enseignement horaire varient toutefois d'un canton à l'autre, les conditions peuvent donc être très différentes selon l'école. Par exemple, la matière est souvent proposée uniquement en tant que matière complémentaire et/ou en tant que matière facultative non liée à la promotion et elle n'est pas accompagnée de la mention "éthique". L'orientation non confessionnelle de cette matière est fondamentale pour tous les gymnases de Suisse.

Qu'ont apporté vos études à votre profession?

Grâce à mes études en sciences des religions, je me sens compétente, d'un point de vue professionnel, pour préparer les contenus prévus dans le programme scolaire sous un format actuel, pertinent et adapté au niveau gymnasial. Mes compétences scientifiques et méthodologiques me permettent en outre de contribuer à la réalisation d'objectifs d'apprentissage interdisciplinaires, par exemple pour l'encadrement de travaux de maturité. De plus, mes capacités fondamentales de pensée critique et de réflexion sur mon propre point de vue, acquises lors des études en sciences des religions, sont des compétences clés que je souhaite également transmettre à mes élèves. Grâce aux études en sciences des religions, je me sens dotée de tous les outils nécessaires pour travailler avec mes classes dans l’achèvement des objectifs généraux de formation de la maturité gymnasiale : "l'aptitude générale aux études" et surtout "la maturité sociale approfondie".

Patricia Kurt (avril 2023)

Secteur privé, Assistante de direction : Moea Ferrer

Moea Ferrer a fait le Bachelor en Anthropologie sociale et Sciences des religions. Aujourd'hui elle seconde le Directeur d’ une société générale de maitrise d’oeuvre et d’aménagement d’intérieur.

"La Science des Religions a été plus qu’un Bachelor mais plutôt un apprentissage de la vie et de la société dans laquelle nous vivons."

Quel est ton métier ?

La première année après mon diplôme, me chercher un peu et enchaîner les jobs étudiants afin de pouvoir m’émanciper seule. Durant mes études j’ai trouvé un poste dans une société générale de maitrise d’oeuvre et d’aménagement d’intérieur, j’avais été engagé pour remettre à jour l’identité du site web et des réseaux sociaux. J’ai par la suite évoluée dans différents domaines dans la société et je seconde aujourd’hui mon Directeur. Je suis en charge du management des équipes sur le terrain et au bureau et je fais constamment le lien entre nos collaborateurs, nos fournisseurs et nos clients. Ce qui m’amène à de nombreux échanges humains et mes capacités à les gérer sont essentiellement grâce aux enseignements que j’ai pu suivre en Bachelor.

Qu'est-ce que les études t'ont apporté pour ça exactement?

Il est très important de pouvoir cibler les clients, les fournisseurs et aller au-delà de ce que nous avons en face d’un écran ou quelques minutes d’échanges. Créer du lien est essentiel dans mon métier actuel et en travaillant avec de nombreuses sociétés étrangères ou clients internationaux, il est fondamental d’avoir certaines bases. Bases que j’ai pu solidifier au sein de mes etudes. La Science des Religions a été plus qu’un Bachelor mais plutôt un apprentissage de la vie et de la société dans laquelle nous vivons.

Moea Ferrer en conversation avec François Gauthier (mai 2021)

Collaborateur scientifique auprès des services parlementaires de l'Assemblée fédérale : Flurin Baumgartner

Flurin Baumgartner a étudié les sciences des religions et l'histoire. Après son diplôme, il a effectué un stage universitaire auprès des services parlementaires de l'Assemblée fédérale, où il travaille aujourd'hui comme collaborateur scientifique.

"Dans mon travail quotidien, j'ai besoin en premier lieu du savoir-faire des sciences humaines: faire des recherches, analyser, synthétiser, écrire. Pendant mes études, j'ai appris à me familiariser avec de nouveaux sujets dans des délais raisonnables."

Pourquoi les sciences des religions?

Lorsque je me préparais à passer ma maturité, la campagne de votation sur l'initiative contre les minarets faisait rage en Suisse. Le fait que le débat politique n'ait que peu abordé le contexte historico-culturel m'a incité à me plonger de manière autonome dans le sujet. Ce travail a déclenché chez moi une fascination pour le thème de la religion, qui m'a conduit deux bonnes années plus tard à étudier les sciences des religions.

Un autre argument en faveur de l'étude des sciences des religions a toujours été pour moi l'ampleur du contenu et de la méthode. Il n'y a guère d'autres disciplines où les approches historiques, sociologiques et culturelles sont aussi proches les unes des autres, ce qui donne lieu à des discussions incroyablement passionnantes.

Quels sont tes intérêts principaux?

Des tentatives d'interprétation de la Shoah à l'histoire des religions en Iran, en passant par les théories de l'intégration sociale - la grande diversité de la discipline s'est reflétée dans mon parcours d'études. En raison de ma deuxième matière principale, l'histoire, j'ai toujours été attiré par les questions historiques en sciences des religions et j'ai pu profiter de l'interdisciplinarité de la discipline pour élargir de manière décisive mon regard sur le contenu et la méthode.

Quelle est ton occupation professionnelle?

Je travaille comme collaborateur scientifique pour le secrétariat des Commissions de la science, de l'éducation et de la culture (CSEC) de l'Assemblée fédérale. En tant que membre du secrétariat des commissions, je suis coresponsable de la préparation scientifique et organisationnelle des séances des commissions et j'accompagne les projets législatifs tout au long de leur parcours en commission et conseil. A cet effet, je rassemble de la documentation sur les affaires à traiter et rédige des rapports ainsi que des communiqués de presse sur les décisions des commissions.

Qu'ont apporté tes études à ta profession?

Dans mon travail quotidien, j'ai besoin en premier lieu du savoir-faire des sciences humaines: faire des recherches, analyser, synthétiser, écrire. Pendant mes études, j'ai appris à me familiariser avec de nouveaux sujets dans des délais raisonnables. Peu importe qu'il s'agisse de l'Église assyrienne d'Orient ou de la protection des mineurs dans le domaine du cinéma et des jeux vidéo. En outre, j'ai acquis pendant mes études la capacité de saisir rapidement les arguments et les positions dans des discussions complexes, de les comprendre et de les restituer de manière compréhensible.

Enfin, il est absolument crucial pour mon activité que cette restitution soit neutre. Les études en sciences des religions accordent une importance particulière à ce point, car elles nous confrontent sans cesse à des visions du monde qui peuvent être opposées à la nôtre. La capacité d'aborder d'autres positions sans préjugés et de les comprendre à partir de soi-même est un des mérites des études en sciences des religions et revêt également une importance décisive dans le monde du travail.

Furin Baumgartner (Septembre 2022)

Secrétariat d’État aux migrations : Oliver Letnansky

Oliver Letnansky a étudié les sciences des religions et l’histoire. Après son diplôme, il a effectué un stage au Secrétariat d'État aux migrations, où il travaille désormais en tant que spécialiste au sein du département des admissions sur le marché du travail.

"L’esprit de réseau et la pensée critique sont très demandés sur le marché du travail et les sciences des religions y sont particulièrement propices"

Pourquoi les sciences des religions ?

« J'ai fait un baccalauréat latin/grec. Une année, nous avons voyagé en Grèce avec la classe de grec, et là j'ai vu Delphes et le Parthénon, par exemple. Il y avait deux archéologues avec nous, qui nous ont beaucoup parlé des vases et des bâtiments. Lorsque je leur ai demandé s'il existait des disciplines qui s'intéressent moins à l'architecture qu'aux mythes et aux rituels, ils m'ont répondu “les sciences des religions” !

Je me suis alors renseigné et j'ai opté pour le sujet, ce que je n'ai jamais regretté. Même ma thèse de maturité sur le culte de Dionysos était une première approche d'un sujet en sciences religieuses ! »

Quels sont vos domaines d’intérêt ?

« Les sciences des religions en général et la théorie de la religion étaient pour moi un objectif clair. Mais j'ai aussi toujours été intéressé par les religions contemporaines, et bien sûr je n'ai pas perdu mon intérêt pour l'antiquité. J'ai également apprécié au cours des études les rencontres sur des sujets tels que la religion et le hip-hop, ou la religion et les bandes dessinées. J'ai certainement acquis un large éventail de connaissances, de l'antiquité et du mysticisme médiéval au salafisme et au postmodernisme.

Grâce à ma spécialisation, j'ai également acquis de solides compétences analytiques, ce qui est pour moi une réalisation importante de mon diplôme : décortiquer les théories, être capable de se mettre dans un état d'esprit différent, avoir des compétences argumentatives et rédactionnelles. Cela inclut également la capacité de réfléchir sur des concepts, ou encore en réseau, ce à quoi vous forment les études.

Toutes ces compétences peuvent être transposées et appliquées dans de nombreux contextes très différents. L’esprit de réseau et la pensée critique sont très demandés sur le marché du travail et les études religieuses y sont particulièrement propices. »

Que faites-vous dans votre travail ?

« Mon travail actuel au SEM est composé de deux domaines : d'une part, “l'exécution”, c'est-à-dire l'admission des travailleurs étrangers sur le marché du travail suisse. D'autre part, il y a le travail administratif conceptuel. En d'autres termes, je m'occupe des motions parlementaires et des aspects de la politique migratoire liés au marché du travail ; il s'agit par exemple des modifications des droits et de l'admission des ressortissants britanniques sur le marché du travail suisse après le Brexit. Mais je travaille également sur des mises à jour historiques, ou encore je rédige des rapports – toujours sur le thème de la migration des travailleurs. »

Qu'avez-vous retiré de vos études ?

« Mon travail exige les soft skills typiques que confère un diplôme en sciences humaines. Je ne suis pas la seule personne à avoir une formation philosophico-historique, et nous avons probablement été embauchés pour compléter par nos propres compétences les sciences politiques et le droit de nos employés. Se documenter sur la législation relative aux étrangers et à l'intégration n'est peut-être pas aussi passionnant que les conférences sur les “mythes les plus sanglants de l'Antiquité”, mais, en fin de compte, ce n'est pas si différent que d'essayer de comprendre une théorie de la religion. Après tout, la loi est un système solidaire de croyances et de pratiques qui se réfère à des choses permises et interdites et qui unit dans une seule et même communauté constitutionnelle tous ceux qui en font partie... Mais en fin de compte, le travail dans l'administration fédérale reste avant tout “manuel”, très proche des études : analyser des “sources”, rédiger des rapports, faire des présentations.

Parfois, la thématique de mes études a encore plus à voir avec mon travail : au sein de l'équipe chargée des admissions sur le marché du travail, par exemple, nous nous occupons également des admissions de soignants religieux (par exemple, des imams) originaires de pays tiers. Dans l'ensemble, l'étude des sciences religieuses m'a bien préparé au travail que je fais aujourd'hui. »

Oliver Letnansky en conversation avec Lavinia Pflugfelder (février 2021)

Rédactrice et auteure : Angélique Eggenschwiler

Angélique Eggenschwiler a étudié les sciences des religions et l'anthropologie sociale. Déjà pendant ses études, elle était chroniqueuse et depuis son diplôme de master, elle est rédactrice à plein temps au quotidien La Liberté (Fribourg). Elle est également écrivaine (poésie, prose, théâtre, humour) publiée et primée, ainsi que slameuse.

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